WALTER  SCHMID
"Bats & trucks"

- Convoi spécial -

Si Roland Barthes a analysé et déstructuré avec une extrême pertinence la violence indirecte du statut d'évidence par rapport à différents stéréotypes mythologiques contemporains, Walter Schmid, quant à lui en tant que peintre, traite de manière frontale ou métaphorique différents thèmes en relation avec les rapports de force, la bêtise et la violence dans ce monde. Il a eu notamment comme sujet dans des séries précédentes : la boxe, des motos, l'exaltation de la force physique.

Aujourd'hui, l'exposition en question met en relation trois sujets d'apparence totalement étrangers l'un à l'autre : les camions, véritables icônes de l'ère industrielle, le personnage mythographique de Batman, représentation de surpuissance illusoire issue de la culture étasunienne, tous deux clichés fantoches de l'imagerie d'une masculinité affirmée. Le troisième thème, celui-ci naturaliste, de la chauve-souris, fait écho bien entendu au personnage de bande-dessinée cité plus haut, mais le choix du peintre veut nous rendre plus attentif à cet animal à la morphologie et au comportement social fascinant, par ailleurs remarquable de part le fait que, venu du fonds des temps et ayant traversé des millions d'années d'existence sans modification organique, celui-ci résiste à notre environnement malgré ses multiples risques écologiques avec un  instinct étonnant de volonté de survie.

Il y a dans la position picturale de Walter Schmid comme un effet de catharsis et de défense face à la puissance latente de la violence de notre environnement.

La technique adoptée, limitée au noir et blanc, et ses valeurs conjuguées, dramatisent les effets d'ombres et de lumière et est en soi une volonté de cernage, de lutte au corps avec les sujets choisis. Prenant sa revanche avec un monde dirigé par les rapports de force, il répond à cette agressivité inhérente par une peinture tenant d'une expressivité gestuelle subjective.

Ainsi dans les tableaux sur bâche (le support se rattachant déjà à un monde ambigu de protection et d'attaque), il atteint une tension dramatique non dépourvue, d'autre part, de force ironique. Les véhicules exposés ici tiennent pratiquement de l'échelle réelle, le format choisi invite à une quasi surprésence de la réalité. Le monde physiquement géant de ces camions a fasciné l'artiste, parce qu'il tient à la fois d'une technologie mise à des fins extrêmement utiles, outil important au service de notre système socio-économique et par ailleurs non dépourvu de production polluante gravissime.  Mais l'un de ces engins se trouvant dans une situation  d'accident ou d'acte terroriste peut être un monstre de désastre en puissance. Cet objet mécanique représenté en peinture y prend une dimension fantomatique quasi spectrale et nous le fait voir comme une potentialité en veille d'une puissance dévastatrice plausible au moindre signe de défaillance.

Walter Schmid peint dans une sorte d'énergie défensive, sa peinture semble le champ de bataille symbolique d'une confrontation personnelle avec des éléments de désastre en attente et de violence sournoise.

L'individu pour subsister doit se créer des armes et la peinture chez Walter Schmid est  acte de résistance.

Joseph Farine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Vernissage le 17 janvier 2013 dès 18 heures
Exposition du jeudi 17 janvier au samedi 16 février 2013

 

 

www.wschmid.ch
 


andata.ritorno  

laboratoire d'art contemporain

 

37, rue du Stand, 1204 Genève, Tél. 022 329 60 69

Ouvert du mercredi au samedi de 14.00 heures à 18.00 heures

Avec le soutien du département de la culture de la Ville de Genève

 

 

 

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