Ariane Courvoisier

 

« Au jour le jour »

ARIANE COURVOISIER LA PEINTURE LES CARNETS

   une peinture tenue au jour le jour depuis 1995 comme le fil d’un rituel indispensable… depuis toujours une peinture de présence et d’échéance… une peinture comme un journal… comme un cahier d’écolier destiné à recevoir des notes quotidiennes essentielles… un carnet de route dans lequel sont consignées sur papier les impulsions peintes et dessinées d’une personne qui aime l’art par-dessus tout… une sorte d’agenda des choses de la peinture qu’il reste à faire… de rendez-vous à prendre dans le futur dont quelques peintres ont esquissé les confins merveilleux… pour elle Piero della Francesca Rothko Soulages… une peinture comme un carnet de poche sur lequel on note ses impressions intimes sans désir de bien faire… tout le rêve du peintre dans la notation d’une chose que l’on ne connaît pas mais que l’on reconnaît ne pas vouloir oublier… hier surtout la peinture le goût passionnel de la construction et de la déconstruction toujours repris … depuis 2008 le dessin l’immédiateté… les « Carnets de fatigue »…

   Ariane Courvoisier aujourd’hui loin de la « perturbation » fait l’inventaire de toutes ses lignes de survie possibles… elle « dessine » sans repentir et avec l’instrument le plus élémentaire la contrée première de l’art celle qui a pour nom  LUMIÈRE… des chemins de lumière pour ceux qui ont conservés intact leur passion pour un art « vivant »… 

   le palimpseste peint des métamorphoses… les affirmations d’un accomplissement dans la lumière… l’exposition donne à voir ces deux aspects  du travail…

dans Le paysan de Paris Aragon dit  J’aime à me laisser traverser par les vents et la pluie : le hasard, voilà toute mon expérience...

 

   le grand rêve artistique qui se dégage des quelques figures d’artistes que j’aie jamais aimées vient de là… mon « emportement » vers l’art vers son mystère… aujourd’hui Danaé… je le retrouve chez elle dans une autre forme que la mienne… le hasard « où l’absence même de signification immédiate permet à un sens plus profond de s’exprimer » et l’expérience que nous en tirons veillent pour nous à nous rapprocher d’une « vérité » qui relie… 

 

   Jean-Claude Prêtre

    Genève, 21 mars 2010   

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Horizontal, vertical – cela frappe. Comme une porte, une fenêtre, comme dans la ville. L’œil cherche ainsi à entrer en matière.

 

Or, c’est le sens, c’est le tracé du geste.

 

Geste rapide, radical qui semble structurer, mais qui, surtout, couvre, découvre, limite, délimite, et accorde, inlassablement, sans cesse.

 

L’œil suit ce qui est tracé, se frotte à la matière, s’effraie de la noirceur du brou, fraternise avec le vert de Piero, sent le souffle froid des blancs du nord, jouit de la force du bleu, se heurte aux pleins, plonge dans les vides, et ralentit, - se fait regard.

 

 

Le regard traverse les strates, perçoit les halos lointains que la touche infiniment affinée fait transparaître. - Laisser le regard posé sur ces transparences. Percevoir leurs vibrations, accords et désaccords.

 

La matière oscille, pénètre l’œil et l’oreille, le regard est à l’écoute.

 

Il faut faire silence pour entendre. Rapports colorés, accords chromatiques. Clusters, agrégats de sonorités inconnues. S’ouvre un espace nouveau, architecture de la simultanéité qui résonne, vaste et sereine.

 

Il évoque l’art sacré.

 

Chaque image - vitrail d’une chapelle imaginaire.

 

 

 

pour l’exposition « au jour le jour » d’Ariane Courvoisier à la galerie andata.ritorno du 20 mai au 26 juin 2010

Bruno Rudolf von Rohr

mai 2010

vue de l'exposition

andata.ritorno  laboratoire d'art contemporain