andata . ritorno laboratoire d'art contemporain
Rémi Dall’Aglio
«La carte n’est pas le
territoire»
Le cinéma n’est pas
la vie, et les raisins de Zeuxis, peints sur un rideau, bien qu’ayant
trompé les oiseaux, ne sont pas des raisins, mais une image conventionnelle des
raisins. Titrant son exposition personnelle à
Le travail artistique de Dall’Aglio
obéit à cette même logique de redoublement constant, mais sans
redondance : dans une pièce sans titre de 1986, deux demi - roues
métalliques sont accrochées au mur au centre d’ellipses peintes, grise et
bleue. L’objet et son ombre, dira-t-on : oui, mais un objet
fractionné, ayant déjà perdu son unicité donc son identité, un objet déjà
image. Et les ellipses peintes se courbent, obéissent à la logique de
l’œuvre plutôt qu’à la logique du réalisme : nous sommes
en face d’une autre mesure de l’espace. Délicatesse et
sophistication des matériaux, exécution élégante, les œuvres de
Dall’Aglio suggèrent, proposent, sans jamais fermer le cercle de leur
possibles extensions.
L.L.
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LE COURRIER, sam 25/ dim 26
octobre 1986
Rémi Dall’ Aglio
■ Les « peintures » du Genevois Rémi
Dall’ Aglio sont constituées tout à la fois de plans effectivement peints
(des toiles de théâtre retournées) et d’objets réels récupérés. Si ces
deux éléments restent toujours clairement distingués (il n’y a pas de
trompe-l’œil), ils finissent pourtant pour former dans chaque pièce
une figure unique. Ils se retrouvent dès lors liés mutuellement par une sorte
d’échange permanent entre les deux codes par lesquels nous les lisons et
comprenons leur nature dans l’espace. La peinture imprime aux objets une
certaine présence abstraite, pendant que ces derniers plongent la première de
plain-pied dans les questions de figuration spatiale.
Dans
ce contexte, Dall’ Aglio se sert beaucoup de l’ellipse, forme
pouvant être prise simultanément comme géométrie abstraite plate ou comme
cercle vu en perspective. Cette ambiguïté ne porte pas seulement sur
l’hésitation entre plan et volume mais aussi, à travers elle, sur la
distinction entre forme première, irréductible et forme dérivée d’une
autre figure. Distinction, autrement dit, entre perception directe et
élaboration mentale, entre lesquels le spectateur va et vient.
A travers des construction simples,
Dall’ Aglio suggère toujours des situations perceptives plus complexes.
Chaque pièce porte en elle l’allusion à des éléments –d’ordre
perceptif, formel ou dynamique- qui dépassent largement sa simple présence en
tant que dessin.
Cette
richesse de suggestions s’inscrit dans des pièces à l’aspect
délicat, matériellement légères, modestes, à la fragilité grêle. Cet écart
contribue sans doute pour beaucoup à l’impact et au grand charme du
travail.
-Jusqu’au 4 novembre.
(OL)
Rémi Dall'Aglio
Sans titre, 1985, 300 x
Photo George Rehsteiner – Vufflen-le-Château
Rémi Dall'Aglio
Sans titre, 1986, 160 x
Photo George Rehsteiner
– Vufflen-le-Château
Rémi Dall'Aglio
Chambre sourde, 1987, 280 x
Photo Nicolas Faure - Genève
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