andata . ritorno    laboratoire d'art contemporain 

Pierre Ferrarini

" dessin cinématique  2002 "

BEAUX-ARTS    Inspiré de Henry Michaux, Pierre Ferrarini réinvente

l’œuvre « cinématique » sur une frise de 35 mètres de long

Deux ans et demi de travail et 575 dessins

pour croquer le temps à l’état pur

Pierre Ferrarini a cherché à réaliser exactement ce projet inabouti de Henri Michaux, exprimé dans une phrase formulée en 1957, placée en guise d’exergue à l’entrée de la galerie « Au lieu d’une vision à l’exclusion des autres, j’ai voulu dessiner les moments qui bout à bout font la vie, donner à voir la phrase intérieure, la phrase sans mots, corde qui indéfiniment se déroule sinueuse. […]

Le dessin cinématique ».

  Cette réalisation prend la forme d’une manière de frise, qui court sur les cimaises de la galerie, sur une hauteur de 1 mètre et une longueur de 35 mètres. Cette frise est constituée de la projection agrandie, retravaillée à l’ordinateur et imprimée, de 575 feuillets, soit autant de plans juxtaposés, dont l’ensemble forme une vaste carte géographique, ou carte du tendre, ou, mieux, carte du temps. Si une carte géographique tend à mettre plat l’espace, la carte que signe le jeune plasticien se veut une mise à plat du temps, figuré par les formes entrelacées, exécutées jour après jour à l’encre de Chine sur des cartels de la grandeur d’une carte postale.

L’œil s’y plonge

  L’installation de ces cartels accolés, à peine superposés de manière à assurer la continuité, est variable. L’important est que l’œil découvre cette fresque, s’y plonge au risque de s’y noyer, avance peu à peu, suivant l’ordre chronologique respecté lors de l’accrochage, observe l’obscurcissement progressif de l’espace à disposition, du fait du rapetissement des motifs.

  Il semble que le dessinateur, toujours minutieux, cherche à parcelliser de plus en plus le temps, les années, les mois, les journées, les heures, les minutes –il a mis, dit-il, deux ans et demi pour couvrir les 575 feuillets- afin de dénicher, en explorant l’infiniment petit, la pépite d’or que serait le temps à l’état pur. Entreprise évidemment vouée à l’échec, mais qui sait ? Qui sait ce qui se passe dans l’esprit d’un être absorbé dans un dessin qui fourmille de détails, tellement absorbé qu’il se détache du temps réel ? Seul témoignera alors de ce temps qui passe le dessin réalisé …

Laurence Chauvy

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« Dessin cinématique»

«Au lieu d'une vision à !'exclusion des autres, j'eusse voulu dessiner les moments qui bout à bout font la vie, donner à voir la phrase intérieure, la phrase sans mots, corde qui indéfiniment se déroule sinueuse, et, dans l'intime, accompagne tout ce qui se présente du dehors comme du dedans. Je voulais dessiner la conscience d'exister et l'écoulement du temps. Comme on se tâte le pouls. Ou encore. en plus restreint, ce qui apparaît lorsque, le soir venu, repasse (en plus court et en sourdine) le film impressionné qui a subi le jour. Dessin cinématique. ..En 1957 dans son texte «dessina"" l'écoulement du temps" Henri Michaux évoque un ancien projet abandonné à l'état d'ébauche et qualifié: «Dessin cinématique... De ses premières esquisses, il écrit: «Je les déchirai. On m'avait trop fait douter de leur communicabilité... Parlant de son entourage, il poursuit: «Ils ne s'intéressaient toujours pas au déroulement, le cinéma n'était pas encore né depuis longtemps... Je me suis promis de développer aujourd'hui, ce projet à peine esquissé et resté en suspens depuis plus de 40 ans, La séquence déroulée sur les cimaises de la galerie Andata . Ritorno, du 24 janvier au 23 février 2002, mesure 1 mètre de haut sur 35 mètres de long. Si est constituée par 575 plans élaborés depuis le 27 novembre 1998 jusqu'au 30 mai 2001. Chaque plan est imprimé à l'encre noire sur une feuille de papier blanc (20,3 cm sur 28,7 cm). Ces feuilles sont assemblées chronologiquement, d'abord de haut en bas en colonne par 5, puis les colonnes, au nombre de 115, sont ajustées par ordre de la gauche vers la droite. Cette grille modulaire forme, le long des parois de la galerie, la surface du dessin cinématique. Si la conception actuelle de «Dessin cinématique» a subi d'importantes mutations par rapport au projet d'Henri Michaux, c'est dans t'espoir de répondre aujourd'hui au vœu qui a jadis exprimé: «...combien j'aurais eu plaisir à un tracé fait par d'autres que moi, à le parcourir comme une merveilleuse ficelle à nœuds et à secrets, où j'aurais eu leur vie à lire et tenu en main leur parcours.»

Pierre Ferrarini, Genève le 10.12.01

Henri Michaux, 1951, citations tirées de: -Dessiner l'écoulement du temps», texte publié dans -Passages-. Galfimard. Paris, 1963 (p. 129.130)

Pierre Ferrarini

Vue partielle de l’exposition

Photo  Jacques Berthet

 

 

 

Pierre Ferrarini

Vue partielle de l’exposition, Andata .Ritorno, Genève, 2002

Photo  Jacques Berthet

 

 

Pierre Ferrarini

Vue partielle de l’exposition, Andata .Ritorno, Genève, 2002

Photo  Jacques Berthet

 

 

Pierre Ferrarini

Vue partielle de l’exposition, Andata .Ritorno, Genève, 2002

Photo  Jacques Berthet

 

 

Pierre Ferrarini

Vue partielle de l’exposition, Andata .Ritorno, Genève, 2002

Photo  Jacques Berthet

 

 

Pierre Ferrarini

Vue partielle de l’exposition, Andata .Ritorno, Genève, 2002

Pt Photo  Jacques Berthet

 

 

Pierre Ferrarini

Vue partielle de l’exposition, Andata .Ritorno, Genève, 2002

Photo  Jacques Berthet

 

 

Pierre Ferrarini

Vue partielle de l’exposition, Andata .Ritorno, Genève, 2002

Photo  Jacques Berthet

 

 

Pierre Ferrarini

Détail, Andata .Ritorno, Genève, 2002

Photo  Jacques Berthet

 

P.Ferrarini / Fondation Salomon

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