andata.ritorno laboratoire d'art
contemporain
Siripoj
Chamroenvidhya
« Ao Kung
Kraben, Doi Tung, Le Rhône (Genève) et Grindelwald »
Le dessinateur thaïlandais de Genève
revient à Andata Ritorno.
L’œuvre qui accueille le visiteur se
veut éphémère. Siripoj Chamroenvidhya a tracé directement sur le mur d’Andata
Ritorno un vaste paysage au fusain. Notez que le Thaïlandais de Genève reste
fidèle à son médium. Le charbon de bois constitue en effet son outil préféré.
Il en tire les mêmes effets de noir que certains artistes de la fin du XIXe
siècle (comme Seurat) du crayon Conté.
A 50 ans, l’homme revient dans une des
galeries genevoises les plus ouvertes aux expérimentations. L’une de mieux
accrochées aussi. Joseph Farine sait comme personne mettre en scène ce qui lui
passe par les mains. Il fait ici un sort aussi bien aux plus grands dessins
(dont un sur plastique bullé) qu’aux petites feuilles, disposées plus loin en
polyptyques.
Avec ses titres faisant tantôt
allusion à des lieux thaïs (Ao Kung Kraben, Doi Tung), tantôt à des sites
suisses (Le Rhône à Genève et Grindelwald), l’exposition se révèle porteuse de
rêves. Le spectateur entrevoit ce qui se passe. Il y a bien là des montagnes,
des collines et des arbres. Mais tout garde, au propre, sa part d’ombre.
E.D.
TRIBUNE DE GENEVE
JEUDI 4
OCTOBRE 2007, WEEK-END
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Ni nocturne, ni diurne
Ni aubes, ni crépuscules, ou noir-blanc
ou blanc-noir, «Ou bien..., ou bien» (Kierkergaard) sont les
dessins de Siripoj Chamroenvidhya. «Peints» au fusain, ses paysages noirs,
contaminés de la mélancolie (de grec: humeur noir) rationnelle
duchampienne, évoquent une trajectoire de tableaux romantiques religieux de
Gaspar-David Friedrich aux paysages radicals profanes de Gerhard Richter. Le
manque de l'homme, voire des choses relatives, dans les paysages de Siripoj
évoque aussi Claude Lévi-Strauss dans Tristes Tropiques: «le monde a
commencé sans l'homme et il s'achèvera sans lui».
La force et la beauté de ses
paysages désertiques, repose sur l'extrême économie des moyens. Son application
du fusain sur le papier est un acte dessinal radical, à savoir que le
fusain et le papier sont de la même substance, le bois. L'artiste les laisse
tel quel à une esthétique de la matière. Il accorde une attention
particulière au traitement de la surface du papier. Avec limpidité il définit
le moment d'arrêter le dessin, comme un photographe émérite définit le juste
moment où le blanc du papier dans l'émulsion chimique doit prendre son rôle
d'«accomplissement» de l'image. Son paysage devient poétique: le papier
«dessine» le fusain.
Ni figuratifs, ni abstraits
formellement, figuratifs et abstraits sémantiquement, dépouillés de toute
temporalité, les fusains mentionnent une modernité perpétuellement non-achevée.
Utilisant l'iconographie du quotidien, par un «lyrisme documentaire»,
l'artiste propose son dessin comme une grande «photocopie» en noir, «un noir
comme une couleur de lumière», pour reprendre les mots de Matisse. Chaînes de
montagnes, silhouettes de collines, troncs d'arbres et arbres déracinés sont
vus en front, en biais et «de dos». Doi Tung bis, une image d'arbre
biseauté et «traînée» horizontalement sur le mur est devenue une fresque, un savoir-penser-faire
par excellence («penser et dessiner sont pour moi une seule et même chose», dit
l'artiste). Les paysages «conceptualisés» qui évoquent inévitablement les
jardins asiatiques de son enfance, ils occupent la place centrale de son
travail. En dimensions anthropométriques, Doi Tung (collines vues du
sommet d'une autre colline), Gulf de Siam (image horizon), Triangle
d'Or (avec son horizon «monumental») et Kung Kraben (des troncs sans
arrière-plan), sont des paysages suisse et thaïlandais «bilatéralement
naturalisés» d'où le titre «Ao Kung Kraben, Doi Tung, Le Rhône et
Grindelwald» de l'exposition à Andata/Ritorno.
Bujar Marika, septembre 2007
vue
de l’exposition, andata.ritorno, septembre – octobre 2007
vue
de l’exposition, andata.ritorno, septembre – octobre 2007
vue
de l’exposition, andata.ritorno, septembre – octobre 2007
vue
de l’exposition, andata.ritorno, septembre – octobre 2007
vue
de l’exposition, andata.ritorno, septembre – octobre 2007
Sans
titre (Doi Tung), 2007, fusain sur papier, 150 x
Sans titre (Kung Kraben, mangrove), 2007,
fusain
sur papier, 200 x
Sans
titre (Doi Tung), 2007, fusain sur papier, 200 x
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Biographie * Texte de Jacques Boesch (pdf)
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