Bernard Moninot
" la Mémoire du vent "
Bernard Moninot utilise le verre pour attraper les ombres, la lumière et les caresses du vent
BEAUX-ARTS. L'artiste français a capté au Jardin botanique de Genève les vibrations des feuilles. Le résultat se révèle captivant.
Le Temps
Laurence Chauvy
Jeudi 2 octobre 2003
Rubrique: Culture
Fils d'un
père sculpteur et d'une mère peintre, né en 1949 en Saône-et-Loire, Bernard
Moninot est mieux connu en France qu'en Suisse. Il a néanmoins déjà exposé à
trois reprises à la galerie Andata / Ritorno à Genève. Formé à l'Ecole des
beaux-arts de Paris, en gravure, il y eut pour enseignant Albert Flocon.
A partir des années 70, Bernard Moninot, curieux des possibilités du verre,
choisit ce matériau propre à convoquer une réalité moins visible, moins évidente
que celle qu'il dessinait par le passé. Le verre autorise les reflets, avale la
lumière avant de la renvoyer, changée, il est également riche de tout un
répertoire de disciplines et de souvenirs, qu'il contribue à évoquer. Ainsi de
la chimie, à travers ses instruments, pipettes et éprouvettes, ainsi de la
photographie et du cinéma producteur de rêve, ou encore de l'astronomie et de
ses lunettes qui permettent d'approcher les étoiles.
Le travail principal montré aujourd'hui rend visible La mémoire du vent. Avec
patience et minutie, l'artiste a sillonné le Jardin botanique de Genève, il a
relevé le nom et l'emplacement des plantes qui l'intéressaient, il a placé
par-dessus un dispositif de son invention et il a attendu. Et le vent a inscrit
son message. Ou son image. Bien plutôt son signe. Ces silhouettes, la pointe des
plantes mues par le vent les a tracées sur la surface de boîtes de verre
recouvertes de noir de fumée.
Fragiles et étonnants dessins, qui rappellent le côté aigu de la gravure et que
Moninot a enfermés dans les boîtes de «petri», présentées sur des rampes
lumineuses. Magnifiques dessins, tout de finesse et d'émotivité contenue. Une
main humaine n'aurait pu faire mieux, mais il a fallu cette main pour préparer
le dispositif, qui rappelle non seulement les souvenirs du vent, mais ceux de
l'artiste: dans un petit film diffusé à l'entrée, celui-ci convoque son père,
qui avait noirci du verre pour suivre le déroulement d'une éclipse et pour le
mémoriser. Cette mémoire, restée enfermée dans un tiroir, s'est évaporée un
jour, d'un geste.
C'est pour éviter cette disparition, tout en suggérant le caractère mouvant et
fugitif de la mémoire elle-même, que Bernard Moninot a figé certains graffiti
nés des plantes agitées par le vent. C'est pour retrouver la splendeur de
l'éclipse, peut-être, qu'il projette ces dessins lumineux contre la paroi, en
grand.
Bernard Moninot. Galerie Andata/Ritorno (rue du Stand 37, Genève, tél. 022 329
60 69). Me, je, sa 14-18 h. Jusqu'au 11 octobre.
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Dessiner avec des Phénomènes
Depuis plusieurs années je dessine avec des phénomènes. et je prospecte pour trouver d'autres moyens de mettre en œuvre mon travail, je faire évoluer et le réfléchir.
Ondes sonores, résonnance, mouvements vibratoires de poussières ou de pigments volatiles, produits par l'impact d'un coup de marteau, ou diapasons pour transférer et fixer mes traits sur des verres préparés.
Dessins d'ombres portées à même le murs étant le vecteur de figures (dessin obstacles) réalisées avec des structures de cordes de piano, de verre, de plexi, ou de mica, soumis à l'éclairage directionnel d'une lampes (les studiolos).
Ainsi je me suis éloigné peu à peu des notions de tracés ou d'empreintes, liées au dessin déposé par un geste (trajet sur un support déployé dans une durée).
Le caractère précaire et instantané de mes travaux d'ombres me permet de concevoir des œuvres ou l'instant de l'apparition de l'image et le temps de sa fabrication ne font qu'un.
D'autres travaux que je mène parallèlement procèdent (en plein air) : je collecte dans différents lieux du monde (jardins, paysages, déserts) la mémoire du vent.
Pour cela, j'ai mise au point un appareil capteur très simple qui recueille dans boites de verre de chimie, préalablement obscurcies avec du noir de fumée, le dessin que je fait dans l'air la pointe de certains végétaux.
Saisir ce mouvement, le faire " se dessiner", nécessite d'appréhender simultanément un ensemble de paramètres complexes - nature du lieu, directe, impulsion, vitesse du vent, structure du végétal, variabilité du champ de son oscillation - afin de situe la partie de la plante pouvant peut-être tracer.
Tout les plantes ne peuvent pas dessiner, là encore à certains moments seulement quelque chose a lieu et se prête à l'écriture du vent.
Souvent l'improbable figure ne se produit pas...
Les dispositifs que je mets en place, les outils, ainsi que les instruments capteurs me permettent, plutôt que de la concevoir, de faire advenir le dessin.
Bernard Moninot, 2003
" La mémoire du vent " ( jardin botanique, Genève, été 2003)
40 boites de pétri dans deux châssis de présentation avec rampes lumineuses.
Salle " La mémoire du vent " andata . ritorno 2003
lumières projetées par dispositif comprenant des gobos en verre,
projecteurs et transfos basse tension.
La mémoire du vent, dessin de lumière projetée, dimensions variables,
installation Andata . Ritorno, Genève, 2002
Salle " La mémoire du vent " andata . ritorno 2003
" Tables et instruments improbables"
Vue partielle de l'exposition, 2003
photo Jacques Berthet
" Tables et instruments improbables" (1998-2002)
Acier, verre, pyrex, laiton, plexi et gaz, 80 x 250 x 130cm (détail).
Horizon V, acrylique et encre sur papiers préparés, 10 élément, 79 x 98cm chacun l'ensemble : a58 x 490cm, 1997
" Constellation "
Peinture, pigment colorés, limaille de fer, limaille de cuivre et cristopalyte fixés sur verres préparés 90 élément, dimensions divers
installation Andata . Ritorno, Genève, 1992
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