Andata . Ritorno    laboratoire d'art contemporain

Pidder Auberger-Bogomir Ecker-Michel Sauer

« via Düsseldorf »

TRIBUNE DE GENEVE – 24 mai 1983

Andata Ritorno :

via Düsseldorf

  Loin du brouhaha néo-expressionniste, Pidder Auberger, Bogomir Ecker et Michel Sauer, artistes actuels de Düsseldorf, présentent un travail qui s’articule autour du moment qu’ils y consacrent et d’une certaine habitude à la coexistence. Disons que les liens qui les unissent, outre ceux d’un développement parallèle dans une histoire marquée par Beuys, sont organiquement décelables bien qu’ils déjouent avec humour leur présence réciproque, sans forcement s’en tenir à ce choc. Il en résulte une constellation qui se signifie par son hétérogénéité et ses « appels », interpose la photographie, une sculpture des rebuts et un minimalisme emporté par la récurrence.

Auberger

  Les photos d’Auberger, sous forme de triptyque, s’affranchissent de « l’effet de réel » par différents moyens, différentes résistances. La dimension du papier pourrait prendre une certaine importance en texture satinée. La qualité de l’image, volontairement altérée par l’indistinction des contrastes, empêche ou filtre la lecture, retient la thématique dans le processus. En matière de sujet Auberger emprunte à des ordres contradictoires (figures humaines, formes abstraites, image dans l’image, retouches) des moments associatifs qui s’acquittent de la narration, mais lui laissent une présence. Cette pratique de la photographie piège le sens entre son intentionnalité et le brouillage discret d’une qualité plastique qu’elle produit.

Bogomir Ecker

  Bogomir Ecker, un peu plus à l’énergie, occupe une partie délimitée de l’espace au sol. Sa sculpture entretient des rapports disons réversibles avec le rebut. Rien n’indique où commence le déchet, où finit la sculpture. C’est dans le va-et-vient de cette technologie pauvre et de sa transformation qu’il bâtit des objets non pas triviaux mais plutôt âpres au regard et sans métaphore qui en garantirait un déplacement. C’est à prendre comme une attitude qui inclut des degrés d’incertitudes du sculptural. Les matériaux en présence, en porte-à-faux   sur le peint et le non - peint et leur disposition contradictoire en feraient plutôt l’énigme. Treillis, objets trouvés améliorés, embryons de sculptures soudées, lamelles de stores peints orientent ce qu’il faut voir comme un circuit et els possibilités d’une utilisation de l’espace.

Michel Sauer

  Michel Sauer qui prétend se contenter de l’ennui, propose une œuvre minimale qui joue la décoration dans un non-retour évident et peut-être dans l’attente d’autre chose. Cela ne l’empêche pas de provoquer une distance par rapport au deux autres travaux et il en retire une finalité imprévue dans le geste limite du dérisoire. L’esprit de ces trois œuvres est nettement complice, impliqué dans une continuité. Il ne s’en prend pas à des objectifs ou une démonstration concertée. Le risque n’en demeure pas moins que les possibilités situationnelles de la confrontation s’en retournent à elles-mêmes, se désagrègent parallèlement au temps qui les réunis, geste par ailleurs subtil. Le détour vaut la peine.

Patrick WEIDMANN

Galerie Andata/Ritorno, 37 rue du Stand, jusqu’au 10 juin.

Mar-ven, 17-20h.,

sam 14-16 h.

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