andata . ritorno    laboratoire d'art contemporain

Gilles Porret

« peintures »

Décembre 1987

Aller et retour pour Gilles Porret

Le jeune peintre neuchâtelois passe d’un accrochage chez « Ruine » à une exposition dans la galerie « Andata/Ritorno »

En présentant ses œuvres à la galerie « Andata/Ritorno » et à « Ruine », Gilles Porret  offre sa première exposition personnelle. Mais ce jeune artiste, né à Neuchâtel en 1962, a déjà derrière lui un parcours émaillé de manifestations collectives. « Halles Sud » l’a ainsi accueilli durant l’été 1986. Quatre prix, remportés cette année, ont suivi. Il s’agit de la Bourse fédérale des Beaux-Arts, de la Bourse Lissignol, du Prix UBS et du Prix Diday. Ce dernier concours, à thème, a suscité, lors de son attribution à Gilles Porret, quelques remous. Le public a en effet réagi à la non figurativité des œuvres.

   Le peintre, après avoir terminé l’école des Beaux-Arts à Genève, poursuit ses expériences picturales. Son travail est le fruit d’une recherche incessante sur les interactions de la matière et de la surface. Le support, de préférence carré, est constitué d’une bâche. Ce corps synthétique offre l’avantage, à ses yeux, de ne pas absorber la matière, mais de permettre à celle-ci de se poser, voire de glisser. Des diverses couches naissent des rencontres, basées sur le jeu des séchages.

Tons sans violence

   Parfois, sur la toile, intervient le collage de fragments de bâche. Ces formes inscrites s’estompent ou se révèlent suivant l’épaisseur de l’enduit. A première vue, le spectateur se voit confronté à un monochrome classique. Mais, à l’approche de la pièce, les formes sous-jacentes réapparaissent sous la matière constituée de diverses épaisseurs. L’unité de la couleur s’obtient par le mélange des teintes. Elle aboutit à des tons sans violence. Ce sont de délicats verts ou des jaunes ocre, exception faite d’un rouge éclatant.

   Les réactions et leurs jeux étranges sur le support, véritable fil conducteur de la recherche de Gilles Porret, sont le fruit de subtils mélanges chimiques dont l’artiste garde le secret. Les strates innombrables s’inscrivent en multiples signes qui s’unissent avec les délimitations des collages. Ceux-ci se trouvent de la sorte dissimulés par l’épaisseur ou mis en valeur par la répétition de la forme à l’intérieur de l’espace délimité par le cadre.

La part de l’imprévu

   Chaque œuvre se définit comme une unité autonome. Même les petites boîtes qui jouent sur la brillance du synthétique ou sur le mat de la dispersion. Le spectateur doit donc les comprendre dans leur individualité. Il lui faut se laisser surprendre par ce graphisme surgissant de la matière comme l’artiste s’est parfois livré aux hasards des expérimentations.

   En effet, la rigueur de la démarche de Porret contraste avec la part laissée aux imprévus de la chimie. Parfois, la rencontre imprévisible entre le support et la matière lui suggère de nouveaux horizons. La curiosité du peintre l’incite alors à maîtriser la nouveauté. Ce désir de perfectionnement repousse constamment l’instant de satisfaction, celui où l’œuvre est estimée comme finale… Et encore. Le produit ne peut être considéré comme achevé puisque le temps agit encore sur la matière onctueuse et provoque parfois de surprenants remous.

Un manifeste

   L’exposition présentée jusqu’à ce soir à « Ruines » se présente à la manière d’un manifeste. L’artiste définit son itinéraire. Les divers hommages rendus à Armleder, Mosset, Palermo ou Olitsky se veulent des fiches de travail. Celles-ci attestent que des personnalités artistiques ont jalonné l’itinéraire de Porret. A chacun, maintenant, de découvrir ce que le peintre présente dès à présent et pour un mois aux murs d’ »Andata/Ritorno ».

Myriam POIATTI

● Gilles Porret, « Peintures ». Galerie Andata/Ritorno, jusqu’au 14 janvier 1988

● Gilles Porret, Ruine. Jusqu’au 11 décembre 1987

 

Gilles Porret

vue partielle de l'exposition, Andata . Ritorno, Genève, 1987

photo :  G. Porret

 

 

 

Gilles Porret

vue partielle de l'exposition, Andata . Ritorno, Genève, 1987

photo :  G. Porret

 

 

 

Gilles Porret

vue partielle de l'exposition, Andata . Ritorno, Genève, 1987

photo :  G. Porret

 

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