andata . ritorno    laboratoire d'art contemporain

Corrado Bernasconi

« Sculpture »

Le Temps – mardi 2 novembre 1999

SCULPTURE ● A Genève, pour sa première exposition personnelle, l’artiste tessinois montre des pièces d’une humble beauté

Corrado Bernasconi confère au papier,

aux clous et aux épingles la grâce de la soie

Lorsqu’on visite la première exposition personnelle de Corrado Bernasconi, Tessinois diplômé de l’ESAV en 1992, on comprend les raisons du caractère pauvre du carton d’invitation, un carton tout ce qu’il y a de plus carton. L’exposition, du point de vue des matériaux, reste humble de bout en bout : cartons, papiers coupés chez le typographe, scotch jaune de carrossier, scotch vert de jardinier, épingles, clous. C’est tout.

   Mais ces médiums sont traités par le sculpteur avec une telle délicatesse qu’ils acquièrent la légèreté, la grâce du marbre ou de la soie. Un « fil » à plomb voit son fil remplacé par une feuille de papier, que la tension amène à s’enrouler légèrement. Un ressort tient fermement des bandes de papier qui retombent tel un manteau de plumes. Deux mètres pliables combinés montent le long de la paroi. Une tige de bois brut se ploie sous le poids virtuel du scotch vert qui y est collé, mimant une feuille effilée qui rappelle la vocation jardinière de ce scotch.

   Mille épingles, montées sur une bande de cette mousse faite pour emballer des objets fragiles, constituent une sorte de mille-pattes géant qui grifferait, à peine, le sol. Enfin, de vulgaires feuilles de papier longuement exposées au jour laissent transparaître une silhouette filigranée, spectre trapu. Rien n’est fixé définitivement, rien n’est bloqué, tout est éphémère, tout sera détruit, mais tout pourra être reconstruit. Ce que ces pièces laissent deviner, c’est une intelligence qui se refuse à enfermer les objets qu’elle englobe, une intelligence mêlée d’intuition artistique, et donc une intelligence ouverte, à la beauté notamment.

   Bien entendu, les titres n’en sont pas, chaque pièce est enregistrée sous le label Senza titolo, la mention des matières utilisées tenant lieu de titre ou de poème à la Francis Ponge. Ces œuvres hésitent entre le conceptuel, puisque l’idée restera lorsque le papier sera fané ou froissé, l’arte povera, pour la banalité des matériaux, et une nouvelle sculpture à la Carmen Perrin, artiste et enseignante dont Corrado Bernasconi a été l’élève. Cette nouvelle sculpture prise aussi bien les matières courantes, bric, caoutchouc, papier, clous, que l’élégance formelle.

Laurence Chauvy

 

Corrado Bernasconi

 

 

« Senza titolo » 1998, Scotch de carosserie, 30 x 40 x 11cm

Edition en 3 exemplaires

 

 

 

Corrado Bernasconi

 

 

« Senza titolo » 1998, Scotch de jardinage, 250 x 2,5 x 55cm

 

 

 

 

Corrado Bernasconi

 

 

« Senza titolo » 1998, Aluminium, rouleau de papier machine, 600 x dia.8cm

 

 

 

Corrado Bernasconi

 

 

« Senza titolo » 1995, Papier, ressort, 70 x 30 x 17cm

Edition en 3 exemplaires

 

 

Corrado Bernasconi

« Senza titolo » 1999, Mètre pliable, dim: variable

 

 

 

Corrado Bernasconi

 

 

« Senza titolo » 1999, Papier e lumière soleil, 120 x 200cm

Edition en 3 exemplaires differents

 

 

Corrado Bernasconi

 

 

« Senza titolo » 1994, Papier enroulé, brulé, dim: variable

 

 

 

Corrado Bernasconi

 

 

« Senza titolo » 1999, Papier plomb, 214 x 20 x 28cm

 

 

 

Accueil  I  Historique  I  Exposition en cours  I  Exposition à venir  I  Artistes  I  Contact  I  Liens