L’art a pour devoir social
de donner issue aux angoisses de son époque.
Antonin Artaud
« Celui
qui rit alors qu’il a toutes les raisons de pleurer, celui-là a vraiment fait
un pas » disait mon ami Jacques Monory. Dans ses « Larmes de la
banquise » Bujar Marika
a choisi, quant à lui, la voie d’une
représentation poétique engagée , face à
ce phénomène écologique où la chaleur, à défaut de couver sous la cendre
, est devenue un maux universel sournois communément appelé « réchauffement de la
planète ».
Par un
dispositif plastique métaphorique sur plusieurs propositions, l’artiste nous
invite à une réflexion sur ce fait
gravissime vis-à-vis duquel les medias, dans leur zapping informatif infini et
convenu, n’accorde généralement que la place d’une « une » et puis
s’en vont, à ce sujet qui ne représente pas moins que l’avenir de la planète
entière. - Un jour tout peut être mort, des prodiges de la nature entière comme
de ceux de la culture ; Albrecht D ürer,
Marcel Duchamp et Charles Eames inclus.
La réponse d’un
artiste face à une question de cet ordre a valeur symbolique, tant il est vrai
que la production de signes incandescents ,
dussent-ils être d’alarme, représente encore ce qui reste prégnant d’une époque
et de son histoire.
Mais chez Bujar Marika, point de
dénonciation didactique ni de propagandisme, tant il est vrai que le moyen le
plus sûr de traiter d’un sujet directement politique est peut-être encore de
n’en pas citer le nom, tout comme la vision du naufrage au milieu des icebergs
peints par Caspar
David Friedrich ne peut être perçue que dans une attention extrême à l’image et
échappe au « regardeur » inattentif.
Il en est dans
le domaine de l’art de l’inverse des régimes d’oppression, les murmures sont
vainqueurs sur les hurlements.
Joseph
Farine
Mai 2008