andata • rıtorno laboratoire
d'art contemporain
Bujar Marika
« Larmes de
la Banquise »
A Genève,
Bujar Marika crie à l'eau
EXPOSITION. Travail sur le
réchauffement climatique
Laurence Chauvy
Samedi 21 juin 2008
Rubrique: Culture
Il s'est dédié tardivement aux
arts plastiques. Bujar Marika utilise les moyens d'un art construit pour rendre
des idées et pour agir sur les consciences autant que sur le goût. L'exposition
à la galerie Andata.ritorno de l'artiste d'origine albanaise, qui vit en Suisse
depuis 1992, a pour
thème le réchauffement climatique. L'intention n'est pas d'alerter une fois de
plus du danger imminent, de lancer un cri, vite perdu dans le brouhaha; elle
consiste à imprimer dans les regards, dans les esprits, des images simples et
fortes, qui mûriront en chacun.
Soit un agencement de pendules «aveugles», en hommage à Borges, l'écrivain
devenu aveugle mais resté clair-lucide, agencement qui figure un mot inscrit en
écriture braille. Blind Time, ce dispositif de pois noirs, nous renvoie en
miroir notre époque aveugle aux conséquences de son propre aveuglement... Les
autres pièces misent aussi sur le pouvoir sinistre du noir. Ce sont des masques
antipollution, imbibés de teinture, associés à un seul titre, 4 x 4, qui suffit
à donner du sens au travail; la photographie d'une piscine adossée à la mer; la
vision d'une baignoire - vide - flottant dans l'eau claire, bref la vision des
absurdités auxquelles mène l'inconscience de notre société.
Kit de survie
A la sortie, des bouteilles étiquetées «Larmes de la banquise», titre de
l'entier de l'exposition, sont proposées au visiteur, non seulement comme
souvenir d'une brève expérience, mais, d'une manière plus menaçante, comme
élément essentiel d'un kit de survie: «ô eau!», est-il écrit sur le carton
d'invitation. Né en 1943 à Tirana, Bujar Marika a rencontré Max Bill à Berne
dans les années 1990. Il s'est intéressé à l'art concret zurichois mais, plus
encore passionné par Duchamp et les artistes conceptuels, il privilégie depuis
une pratique qui recourt à une forme ordonnée, pour donner corps à une pensée
engagée.
Bujar Marika
Inundated Meeting , 2008,
36 paires de bottes + eau
Double Blind Time, Ecrit en braille : Smog 13
horloges
Larmes de la Banquise, 2008, « La Chaise » de Charles Eams, eau, lanterne, œil de Judas
4 X 4, 2008, 16 masques anti-pollution
Floating
home, 2008, Baignoire en fonte, eau, plexi
Walking to
Vestige
désertique, 2008, Four à bois, sable, sacs d’eau
Warm
Patchwork, 2008, Toile, patch
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texte de Joseph Farine * Biographie
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